Made in Zol (suite et fin)

Publié le par Scalp

    Sur la plage , le Dj avait décidé de lancer une série Buena vista social club.

    Y'a d’la rumba dans l’air pépère…
Il y avait comme un air de carnaval sur la plage.

    Nous faisions quelques mouvements léger pour nous maintenir à flot dans une eau lisse et moelleuse comme elle sait l’être après avoir bu la chaleur du soleil pendant tout un  été.

    Je me gardais bien de dire un mot de plus.
Mais j’ai pas pu l’éviter, Zol est entré dans l’arène :

    - Ca y est Monsieur Propre nous fait un plan «  je touche pas à ça »

    Silence pour moi, levage des yeux au ciel, genre petite lassitude, mais sans trop. Une petite passe pour tester mon taureau.
Et lui, il avait envie d’y aller à la pique:

    - Si t’étais moins con, c’est à tes pieds qu’ils se prosterneraient.
    - Zol, on va pas revenir la dessus, je t’en prie… ;

    Faut que je vous dise que je me prend pour un peintre. A la vérité, j’en vis pas, faut que j’étale avec un boulot, parce que  vendre de la peinture sans la montrer, c’est pas trop facile.
    Zol aime mes toiles, pire, il croit en moi.
Pas moi. Pas assez, pas encore .

    Zol insiste depuis des années pour me faire monter, comme il dit.
Moi, je lui dis que ses méthodes me déplaisent et que je veux pas monter dans son manège que je trouve pas si enchanté. Moi, je sais pourquoi je ne veux pas qu’il montre mes toiles. C’est juste parce que j’ai peur qu’ « ils », ceux de la plage, ceux des cigares, qu ‘ »ils » me disent que je suis un petit peintre de merde qui ferait mieux  de faire cadeau de ses pinceaux à une école primaire où n’importe quel môme fera mieux que moi.
    Comme je peux pas trop perdre la face quand même, je lui dit que j’aime pas ses méthodes.
Lui me traite de con.
Comme il vient de le faire.
    Moi, comme je sais pas quoi dire  je tape  sous la ceinture, là où je sais que ça fait mal :

    - Dis donc le gros, tu voudrais pas que le looser t’envoies une bonne beigne ?

    On avait déjà joué la scène mille fois, mais quelqu’un qui y assisterait pour la première fois  pourrait s’y tromper, ce fut le cas de Linda.

    - Alors les garçons, on dirait que ça y est, vous allez enfin mesurer vos zizis…
    - C’est ce con,  a dit Zol à l’intention de Linda, je voudrais bien qu’il me laisse montrer son travail, mais Môssieu n’aime pas mes méthodes.
     - ….
    - Faudrait pas que Môssieu oublie que sans Leo Castelli, la moitié sinon les 3/4 de la peinture américaine ne serait pas arrivé jusqu’à nous.
    - Tagada, tagada, la  grande charge du bataillon d’infanterie de la Zol Company, me suis-je gaussé, histoire de lui dire qu’il pouvait arrêter son numéro devant moi
    - Souviens-toi, a dit Zol, qui comptait désormais impressionner Linda,
que sans Khanweiler, les Demoiselles d’Avignon n’auraient jamais trouvé d’acheteur et Picasso ne serait peut- être resté qu’ un obscur barbouilleur.

    Linda avait fait le tour de nous en barbotant, Zol et moi suivions l’arrondi de ses épaules qui fendait l’eau lisse comme un ciel ciré.
    Nous continuiions à nous invectiver, Linda s’est placée à contre jour de la lumière violente qui venait des  light show de la plage.
    Nos arguments étaient plus mauvais que jamais.
    J’allais cracher un jet de sarcasme de plus, quand j’ai senti quelque chose s’insinuer entre mes jambes et venir, avec délicatesse je l’avoue, me caresser du bout des orteils ces deux jolies testicules qui font souvent ma fierté.

    J’ai retenu mon venin pour profiter  du moment et je me suis mis à chantonner :

«  dans l’île aux  enfants, c’est tous les jours le printemps… »

évidemment, Zol en a profité pour prendre la parole et ne plus la lâcher

    - Et bla bla bla, et bla bla bla….

    Je ne l’écoutais plus mes yeux cherchant à vaincre le contre-jour pour trouver ceux de Linda.

    -  Et bla bla bla, et bla bla bla…

Et puis, j’ai vu Linda sourire dans la nuit.

    Du coup, Zol aussi s’est arrêté de persifler. A cause du sourire ? parce que il voyait bien que je ne l’écoutais plus ?
    On a gardé le silence tous les deux en regardant l’aura de Linda nous réconcilier.

    Plus tard, bien plus tard pendant que j’embrassais Linda, à fond,à fond, dans la limousine qui nous ramenait chez moi, ça m’ est venu d’un coup : Après tout pourquoi t’essaierai pas ? juste une toile ou deux….
    J’ai appelé Zol le lendemain à la première heure pour lui demander   de déjeuner avec moi.

    - D’accord Looser. Il a dit la voix pateuse
    - Le looser il a une petite surprise pour toi, Escroc.
    - Oh, oh, je suis impatient de voir comment un petit joueur comme toi pourrait me surprendre. Salut, je dors.clic .

    En cherchant une place pour garer ma bagnole en face du resto où on avait rendez vous, j’ai répété une dernière fois mon texte :- d’accord Zol, tu as gagné je te donne mes toiles à vendre. Je me régalais d’avance…
Comme d’hab, il est arrivé en retard. On s’est embrassé comme des amis que nous sommes . Il a renversé sa chaise pour que tout le monde sache bien qu’il était là et après quelques minutes et les banalités d’usage, il m’a demandé  d’un air tracassé son regard s’égarant au plafond :

    - Ecoute, c’est quoi exactement ta relation avec Linda ?

    J’étais un peu étonné par sa question.

    - Et bien Linda, c’est plutôt une bonne copine mais je crois que si ça dure encore entre nous, je pourrais bien m’attacher.
    - Je te demande ça parce que,
(je voyais ses yeux de chat briller)
Hier, quand on était dans l’eau à s’engueuler, je crois bien qu’elle m’a caressé les co**lles avec son pied.
    - …( les trois petit points c’est moi, sans voix)
    - Voilà, je voulais te le dire, fais en ce que tu veux, mais plus important encore,
il a déplié sa serviette sur ses genoux, je voudrais te dire que c’est toi qui a raison de vouloir rester propre et de ne pas montrer ton travail à tous ces enfoirés, reste pur, pour nous tous.

    - …( encore moi, mort)


    Zol a appelé le garçon et, alors qu’il avait toujours le doigt en l’air à l’intention du serveur qui s’approchait, i l m’a demandé :

    - Champagne ?


    Pu**in d’Île aux enfants.
    F*ck Casimir !…


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C
je suis désolée, mais je suis morte de rire parce que ... enfin ... parce que cette scène finale, si pathétique en somme ... celle où tu vas enfin te lâcher ... celle-ci je l'ai joué, sauf que je suis allée au bout, que c'est moi qui est parlé, que je me suis prise un vent, une veste ... et aujourd'hui, un mois et demi plus tard, je ne sais toujours pas pourquoi mais je n'ai pas eu honte sur le coup de mettre laisser aller ... d'avoir ouvert la bouche et dit et d'être passée pour ... ou plutot à côté ... et aujourdh'ui je n'ai toujours pas honte <br /> qu'est-ce qu'elle raconte ? elle raconte que tu t'es tu ... et que cela t'a évité le ridicule ... moi, j'ai parlé ... et ... même situation ... et même pas ridicule et pourtant ... <br />  
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O
muhahahaha trés sympa, c'est comme si je les connaissais
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L
Ha bon…? Meuh noooon…
J
he hop t'as mon adresse mail ;)<br /> <br /> en tout cas un des rare blog indispensable du web
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